Bonjour toi 😉

— Dis maman, tu te souviens la dame qui était venue et qui sortait d’une autre histoire ?

Héloïse était dans la pièce préférée de Charlie. Celle où elle peignait, dessinait, et parfois recevait des personnes pour les soigner, mais ça fallait pas le dire. Joe ne serait pas content.

Aujourd’hui, Charlie cousait. Oui, elle avait des doigts de fée, Charlie ! D’un bout de tissu qui ne ressemblait à rien, elle en sortait une magnifique robe.

— Elle s’appelait Marie-Sophie. Tu crois que je pourrais aller la retrouver ? Peut-être que son ami boulanger fabrique des croissants meilleurs qu’ici ?

— Ne dis pas ça à Joe, il ne jure que par Toine. Paraît-il qu’il est le seul à des kilomètres à la ronde à faire du bon pain.

Héloïse repoussa la corbeille de fils et tissus multicolore et s’assit sans vergogne sur la table, face à sa mère.

— Allez maman, tu ne veux pas qu’on se projette dans son village ? On peut se faire passer pour des vacanciers ? J’aimerais bien voir Archibald, c’est comme ça qu’elle l’a appelé ?

— Ce n’est pas une bonne idée d’aller dans une autre histoire. Nous serions des intruses.

— N’empêche, ce serait chouette de pouvoir en changer le cours, ce serait même rigolo. Imagine dans le conte du Petit Poucet, la famille ne serait pas pauvre ?

— Il n’y aurait pas d’histoire Héloïse. C’est justement parce que les bûcherons sont pauvres et qu’ils ne peuvent pas nourrir leurs sept enfants qu’ils décident de les abandonner dans les bois.

— Je sais… il faut que j’aille dans une histoire pas terminée, comme ça, c’est moi qui fais la fin.

Charlie éclate de rire.

— Et comment vas-tu en trouver une ?

— Je suis sûre que chez Marie-Sophie, c’est comme ça. Elle a dit qu’elle était dans un cahier, elle n’est pas dans un livre. Si ça se trouve, elle raconte sa vie, alors si j’arrive dans sa ville, elle va parler de moi, obligée !

— Tu ne doutes de rien toi ! dit Charlie en lui ébouriffant les cheveux.

— On y va toutes les deux ?

— Et que va-t-on y faire ?

— On verra bien maman, je te fais confiance.

— Et si nous tombons mal, un moment de l’histoire triste par exemple ?

— Et ben, on change tout.

Je buvais mon café, assise sur la chaise de mon salon de jardin quand je les aperçus. Une femme et une gamine.

— Bonjour ? Vous cherchez Morgan ?

En effet, elles arrivaient de chez lui, j’avais pensé qu’elles étaient de sa famille. Célestine était toujours hospitalisée, peut-être qu’elles venaient prendre de ses nouvelles. Pourtant, la fillette me rappelait quelqu’un.

À leur air surpris, je compris rapidement que je faisais fausse route.

— Tu me reconnais pas ? Je suis venue dans ton histoire. C’est drôlement bien chez toi. C’est ça le Pays basque ?

Incroyable, elle arrivait la bouche en cœur, très à l’aise.

Enzo qui avait entendu du bruit et qui avait le sommeil léger apparut à la porte. Les cheveux tout ébouriffés, il contemplait la gamine avec surprise.

— T’es qui ?

— Héloïse. C’est drôle, tu ressembles un peu à Stefano mais en plus petit.

— C’est normal, murmura sa maman, la Plume qui nous a créés nous donne un air de ressemblance. Nous faisons partie de la même famille, celle de son imagination.

— Il est où Archibald ? J’aimerais bien goûter son pain.

Enzo tout sourire quand on parlait de son parrain répondit :

— Je suis son filleul. Viens, il a justement apporté des croissants tout chauds. Il se lève tôt pour les cuire, mais après, il nous en donne avant que la boulangerie ouvre. C’est ma marraine qui est derrière le comptoir.

Il montra Marie-Sophie.

— Je ne crois pas que nous ayons grand-chose à faire ici, dit Charlie à sa fille. Tu vois bien que tout roule comme sur des roulettes.

Je posais ma tasse et m’approchais.

— Que voulez-vous dire ? Vous pourriez changer l’histoire ?

— Ce serait trop bien, m’interrompit Enzo. Tu pourrais faire que Célestine ne soit plus malade ? Pépé Charles est trop malheureux et Morgan, c’est sa maman quand même !

Je vis Charlie (je me rappelais maintenant le jour où j’avais disparu de mon cahier et atterris dans leur jardin) serrer l’épaule de sa fille et lui dire d’une voix ferme :

— N’y pense pas, c’est trop compliqué. On ne peut pas changer le cours de l’histoire.

— Oui, mais s’il n’est pas encore écrit ?

La Plume, s’interroge. Va-t-elle donner raison à Héloïse ? Pour le savoir, il va falloir patienter… 😁

À très vite…

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