Bonjour toi 😉
Que dirais-tu si je te partageai le chapitre 12 ?

Chapitre 12
Deux semaines s’étaient passées. Je continuais à courir avec Tuck, c’était un vrai plaisir. J’en profitais pour discuter avec Paco autour d’un verre quand je ramenais son chien. Un jour, j’eus la surprise qu’il m’accompagne. Il avait récupéré toute son agilité et je réussis à caler mes foulées sur les siennes. Le chien nous suivait et respectait alors les consignes de son maître à la lettre. En riant, j’avais bien essayé de lui parler, mais l’animal me snoba complètement.
Luc Grégoras, notre médecin légiste, avait compris qu’il devait faire profil bas et me laisser tranquille. Lors d’une intervention, il avait bien tenté une discussion, mais je l’avais arrêté d’un geste. Je n’étais pas fière d’être devenue la commandante qui lui donnait l’ordre de me foutre la paix.
Je me rendais compte au fil des jours que la solitude me convenait tout à fait. Je n’étais pas faite pour la vie de couple. Pistole était le seul qui trouvait grâce à mes yeux. Enfin, presque… J’avouais que j’appréciais de plus en plus la compagnie de mon ami d’enfance, mais il ne tentait plus rien. J’étais bien un peu frustrée, mais finalement c’était mieux ainsi. Nos relations restaient celles de l’amitié.
J’étais d’astreinte ce samedi-là, je n’étais pas allée courir avec Paco et j’enfourchai ma moto quand mon portable bipa. C’était Théo, mon capitaine, qui me prévenait qu’un corps venait d’être découvert dans un champ. C’était un chasseur qui avait donné l’alerte.
Je notai l’adresse et je filai le retrouver.
Le médecin légiste était arrivé et il auscultait la victime. Je saluai mes deux collègues et me penchai sur le corps. Je reculai aussitôt d’un pas. Je reconnus l’un des hommes qui m’avait accosté devant le commissariat, celui-là même que j’avais croisé lors de la première promenade avec Paco dans les bois.
— Tu le connais ? demanda le capitaine qui avait noté mon mouvement.
— Oui, je n’ai pas son nom, mais c’est celui qui en voulait à ma moto. Tu te souviens ?
Je ne souhaitais pas lui cacher quoi que ce soit aussi j’ajoutai que je l’avais déjà vu dans la forêt en compagnie de Paco.
Le légiste me fit un rapide rapport sans me regarder. La mort remontait à quelques heures. La victime était tombée sur une pierre et le coup avait été fatal. Restait à prouver si l’homme était tombé seul ou s’il y avait eu bagarre. Des examens plus approfondis m’en apprendraient davantage rapidement.
Je me baissai sur le corps et palpai ses poches à la recherche de papiers qui révéleraient son identité. Je ne trouvai rien.
— Tu as interrogé le chasseur ?
— Oui, rien de spécial. Si tu veux lui parler, il est là-bas, avec son chien.
L’homme me fit signe. Nous nous connaissions bien, il n’habitait pas loin de chez moi et c’est dans sa poubelle que j’avais ramassé Pistole.
— Comment allez-vous Joseph ?
Il me sourit. Il était gentil avec sa barbe blanche et ses cheveux en bataille. Il avait ôté sa casquette pour me saluer.
— Bah, pas terrible. C’est jamais arrivé par chez nous un truc pareil. Pauvre homme ! qui c’est qui pouvait bien lui en vouloir. Je l’avais déjà vu trainer dans le coin avec un autre bonhomme, mais il n’avait pas l’air méchant. Il est mort comment ?
— Joseph, je ne peux rien vous dire, vous le savez bien. Vous apprendrez tout ça dans les journaux comme d’habitude.
— C’est mon chien qui l’a reniflé. Il s’est assis à côté et m’a attendu. Brave bête va !
— Je vous recontacterais si nous avions d’autres questions, ne vous inquiétez pas, vous pouvez continuer votre promenade.
— Bah, j’ai plus envie maintenant, ça m’a retourné cette découverte. Quand ma femme va savoir ça !
Il me salua et s’en alla accompagné de son chien gambadant autour de lui. Je ne me faisais aucune illusion, dans peu de temps, tout le village serait au courant.
— J’ai l’identité de notre victime, Angèle. Il s’agit de Philippe Peton. Il est connu dans nos services pour ses vols à l’arraché. J’ai également son adresse.
— Il est marié ? Des enfants ?
— Apparemment, il vit encore chez ses parents.
— On y va.
Je donnai mes ordres pour qu’on rapatrie le corps à l’institut médico-légal dès que toutes les recherches d’empreintes auraient été faites.
Je partis en moto alors que Théo me suivait en voiture.
La maison où habitait la victime était dans un cul-de-sac. Un véhicule était garé devant le portail. J’attendis mon collègue pour sonner. Aussitôt une femme d’un certain âge nous ouvrit, le sourire aux lèvres, mais dès qu’elle aperçut nos insignes, elle se signa.
— C’est Philippe, il a encore fait des siennes. Mon mari va être en colère. Nous sommes famille d’accueil et ce gamin, enfin même si ça en est plus un, ne nous apporte que des ennuis.
C’est le capitaine qui lui annonça la nouvelle. Elle se signa à nouveau.
— Pauvre gosse ! il fallait bien que ça arrive, avec toutes les mauvaises fréquentations qu’il avait. Vous savez, dans le quartier, à cause de lui, nous étions mal vus. D’ailleurs, regardez en face le rideau qui bouge. La voisine a bien repéré que vous étiez de la police. Entrez donc ! je vous offre un café ?
La brave femme me faisait de la peine. Pourtant, je déclinai.
— Peut-on visiter sa chambre ? demandais-je en souriant.
— Bien sûr, même s’il ne dormait plus ici depuis quelque temps.
— Quand l’avez vu pour la dernière fois ? l’interrogea le capitaine Kawas.
Elle réfléchit puis elle nous répondit que ça devait bien faire une bonne quinzaine de jours. Il avait débarqué chez eux avec un copain, très énervé, il avait pris quelques affaires, depuis elle n’avait plus de nouvelles.
— Vous a-t-il dit quelque chose ? Pourquoi était-il de mauvaise humeur ? demanda encore Théo.
Je voyais bien qu’elle hésitait à parler, elle ne voulait pas accabler son protégé. Je la rassurai.
— Racontez-nous la vérité madame, tous les détails comptent pour…
Un homme, son mari sans doute, déboula devant nous, affolé.
— C’est le Philippe, il a été assassiné. Je parie que c’est à cause de la baston de la dernière fois.
C’est alors qu’il nous identifia.
— Ah ben, vous n’avez pas trainé pour débarquer chez nous. On n’y est pour rien nous ! Je t’avais prévenu Simone, cet homme il fallait qu’il déguerpisse de la maison depuis longtemps. Il avait passé l’âge d’être en famille d’accueil.
Théo et moi, nous nous présentâmes. Il nous serra la main et nous affirma que lui et son épouse feraient tout pour nous aider. Ils ne voulaient pas d’ennuis.
— Vous parliez d’une baston tout à l’heure, vous pourriez nous en dire plus ?
— C’était, il y a quinze jours, je m’en souviens, il y avait un article dans le journal. J’espère que ce n’était pas lui qui avait tabassé le pauvre directeur de banque. En tous les cas, les dates correspondent, hein, Simone ?
Elle hocha la tête, complètement perdue, puis elle avoua.
— Je l’aime bien François Destrée, il nous a toujours bien conseillé pour notre argent. Alors quand j’ai su qu’il avait été cambriolé et hospitalisé, je suis allée prendre de ses nouvelles et je lui ai demandé s’il avait reconnu ses agresseurs.
Son mari l’apostropha :
— Je n’étais pas au courant. Tu m’en fais des cachotteries, dis-donc ! C’est vrai que lorsqu’il s’agit de Philippe, tu perds la tête. Alors, il t’a répondu quoi le directeur ?
— Ils étaient masqués, murmura-t-elle, mais…
Le cœur en déroute, j’attendais la suite. Je ne voulais pas croire que c’était François l’auteur de ce crime, mais son père si, il était tout à fait capable d’avoir commandité la sale besogne.
Elle reprit en se tordant les mains :
— Il a promis qu’il ne le dénoncerait pas. Il avait reconnu Philippe à son tatouage sur son bras.
Kawas me fixa du regard alors que je lui affirmai que j’allai rencontrer monsieur Destrée afin d’avoir plus d’explications.
— Vous ne pensez quand même pas que c’est lui qui l’a tué ? demanda la brave femme. Il est gentil cet homme.
— Ouais, bougonna son mari, c’est vrai qu’il nous a bien aidés, mais on ne connait jamais les gens, Simone. C’est malin, maintenant, on pourrait croire qu’on est complices.
Elle ouvrit de grands yeux et se mit à pleurer. Je les rassurai, nous reviendrons vers eux au fur et à mesure de l’enquête.
Alors que je mettais mon casque, Théo s’approcha de moi et dit :
— Si ce n’est pas ton pote, c’est son père, ça ne fait aucun doute, mais il va falloir le prouver et ça, ce n’est pas gagné.
— Allons interroger François Destrée et tu m’accompagnes, ainsi tu verras que je ne lui passe aucune faveur. Il va devoir s’expliquer. J’espère que la Banque n’est pas fermée le samedi.
À suivre…
© Isabelle-Marie d’Angèle
