Agenda ironique de Juin – Les commères sont de sortie

Bonjour toi 😉

Déjà le nouvel agenda ironique ! il se passe chez Sabrina ici ou tout est bien expliqué 😁enfin je crois que j’ai compris 😂. Elle dit tout ça 👇

Je vous propose de mettre à l’honneur des gens ordinaires, (Normal people), leurs tracas, leurs tralalas, leurs tragédies comme il vous chante, un matin de changement ! Comédie musicale, extrait théâtral, composition florale… Vous choisissez la catégorie de votre épreuve !

Mais il faudra dans tous les cas, créer au moins une locution introuvable (à la manière de l’OULIPO) à partir d’expression et locutions déjà connues (ex : avoir la tête dans le guidon + la balle est dans ton camp = avoir la tête dans ton camp… ou la balle est dans le guidon…).

Et aussi 👇

Voici donc ma participation :

Les commères sont de sortie

— Dis-moi Germaine…

Voilà que ça recommençait ! Assises toutes les deux sur le banc de la place, face au bar-tabac presse et à la boulangerie, Alice et Germaine regardaient la vie des gens.

Non pas qu’elles n’en avaient pas, elles, de vies, mais dotées d’une langue de vipère indescriptible, enfin surtout Alice. Pour être de mauvaise foi, si si, de mauvaise foi, ça elles l’étaient. Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre et surtout rapporter n’importe quoi. Elles étaient les reines de la Rumeur, peut-être même que c’était elles qui avaient inventer le mot.

Que ce soit ici sur la place ou devant leur porte-fenêtre, elles ne cessaient de blablater. Elles étaient amies depuis… Houla, ma p’tite dame, depuis belle lurette. Quand on leur demandait, l’une, Germaine, répondait que c’était depuis le jour où le bouilleur de cru avait déballé son matériel devant l’église. Y a pas idée de distiller du whisky devant une église ! Mais si c’était du whisky, y avait qu’à voir l’Antoine qui rien qu’à le respirer, il était saoul comme une barrique.

L’autre, Alice, que ça datait de l’époque où elle avait le temps de bâiller aux chats, parce qu’y a pas à dire, les chiens ne font pas des corneilles, c’est bien connu !

— Dis-moi Germaine… c’est pas la femme d’Antoine là-bas ? Elle serait pas allée chez le coiffeur par hasard ?

Alice se penchait pour bien voir.

— Même qu’il va y avoir du rififi, regarde son homme, il a pas l’air d’aimer ça. A-t-on idée aussi de se faire couper les cheveux aussi courts et friser en plus, on dirait le caniche d’Albert, répondit Germaine.

— Tiens, le livreur qui porte des fleurs. Pour qui à ton avis ?

— Pas à toi en tout cas, ricana Germaine, ce qui eut le don d’agacer Alice.

— Toi non plus, tu n’as jamais reçu de fleurs que je sache, grinça-t-elle.

Ne jamais aborder ce sujet de discorde qui durait depuis des années. Depuis que… L’ Antoine avait choisi l’autre… Germaine et Alice étaient sur les rangs, mais il avait préféré la blonde, enfin elle était grise aujourd’hui… frisée, mais grise quand même.

— Quand même, il avait eu un sacré toupet d’offrir des perce-neiges, je savais pas qu’on pouvait en faire un bouquet. Et puis des perce-neiges en été, jamais vu ça !

— Normal, c’en était pas. C’était des narcisses.

— Ouais, ben il risque pas de tomber amoureux de son reflet, l’Antoine !

Elles s’esclaffèrent tant et si bien qu’elles faillirent tomber du banc. Elles ne virent pas débouler Antoine furieux, qui en avait ras le bol de voir tous les jours ces commères devant sa boutique. Il les apostropha :

— J’en suis reconnaissant, car je sais maintenant où regarder pour répondre à l’inévitable question […] ça va encore durer longtemps ?

Stupéfaites, les deux femmes dirent en même temps !

— Mais t’es pas tombé sur la tête toi ? C’est quoi cette phrase à dormir debout ? Fais pas ton malin, hein Antoine ! On le sait que t’es allé à l’école jusqu’au certificat !

© Isabelle-Marie d’Angèle (agenda ironique Juin 2024).

À très vite…