Bonjour toi 😉

J’aime faire parler les objets alors j’ai imaginé ce que peuvent se raconter les couteaux et les fourchettes dans un tiroir. Pour corser un peu le travail d’écriture, j’ai lancé le jukebox qui m’a dressé quelques titres et je les ai insérés dans l’histoire.

Voici la playlist : Ne me quitte pas (Jacques Brel) – La recette (Slimane) – Ce soir (Amir) – Ps Je t’aime (Christophe Willem) – Sans moi (La Zarra) – Elle danse encore (Shym) – C’est bon (Emma Peters) – Coup de vieux (Bigflo et Oli). – On a pris le temps (grands corps malade) – Message personnel (Françoise Hardy) – Laisse aller (Claudio Capéo) – Encore et encore (Francis Cabrel) – C’est ma vie (Adamo).

Voici l’histoire 👇

– Je m’ennuie, soupire P’titedent

– Elle danse encore, répond en baillant L’Éplucheur, tu n’es pas près de sortir de ton tiroir, Laisse aller.

Il en avait assez d’éplucher encore et encore. Parfois les légumes étaient moches et flétris alors il s’échinait pour rien. Elle suivait pourtant la recette, mais elle n’était vraiment pas douée et souvent parce qu’elle était très occupée, elle oubliait ses carottes et patates dans un coin.

– On n’est pas bien tous les deux murmura L’Éplucheur en se rapprochant de P’titedent. Le tiroir est bien rangé et…

– Pas si bien que ça, rit P’tite dent, qu’est-ce que tu fais dans ma rangée ? Tu ne devrais pas être avec tes potes ?

– Elle s’est encore trompée et puis je ne les aime pas trop les autres, trop pointus parfois ils me piquent quant à CoupePain avec ses dents de requin, il fait le malin.

– Tu as pris Un coup de vieux l’ami, clama Opinel du fin fond de l’armoire, tu radotes. Un jour Elle va te mettre à la poubelle. Avec un peu de chance, tu seras recyclé.

– Parle pour toi, regarde où elle t’a fourré, rugit L’Éplucheur.

– Je suis avec le Laguiole tandis que toi, allez avoue, t’es où ? Nulle part. En fait, tu n’as pas ta place ici. Je me demande où elle t’a dégoté d’ailleurs, Elle qui est fan de couteaux. Tu ne ressembles à rien, tu es tout petit et racorni.

L’Éplucheur se regarda. Effectivement, il n’avait aucun poinçon qui attestait sa notoriété. P’titedent se rapprocha.

– Ne les écoute pas, ils font les malins parce qu’ils sont jaloux.

– N’empêche, tu pars souvent Sans moi et à chaque fois, je crie dans ma tête Ne me quitte pas mais tu t’en moques.

– Est-ce ma faute si Lui, préfère son Opinel ?

– Ouais, mais tu fais ta belle, d’ailleurs, tu te maries avec tous, toi ! Tandis que moi, je sers pour éplucher les carottes, les pommes de terre… Je ne suis jamais astiqué. Toi, tu brilles comme les autres.

– Et c’est reparti ronchonna Opinel. On n’est pas de la même classe que veux-tu que je te dise ! On a pris le temps de te l’expliquer quand même !

– Vous faîtes les malins, mais s’il n’était pas là, réagit p’tite dent, vous ne sortiriez pas beaucoup de votre tiroir. Il faut bien que les légumes soient déshabillés pour que vous puissiez entrer en action.

– Regarde-la protéger son amoureux, ricana Opinel, c’est un vrai message personnel que tu lui envoies là ! Comme s’il ne pouvait pas se défendre tout seul.

L’Éplucheur commençait à s’agacer. La musique s’était arrêtée. Il entendit qu’Elle s’approchait de l’armoire en chantonnant. La lumière se fit d’un coup et le tiroir fut tiré d’un coup sec, ils se cognèrent les uns contre les autres mettant ainsi la pagaille.

L’Éplucheur se retrouva collé contre P’titedent qui murmura :

— Ps Je t’aime.

Il l’entendit à peine, il fut enlevé dans les airs et se retrouva près d’une feuille de papier journal et de quelques courgettes. Saisi par une main adroite, il se mit à chantonner en épluchant : C’est bon de faire ce travail, si je n’étais pas là, qui le ferait ? Les autres couteaux ne savaient pas faire comme moi.

Les pelures des légumes tombaient régulières et L’Éplucheur se sentait fier. Bien sûr, il n’était jamais à l’honneur sur la table décorée, il n’accompagnait jamais P’titedent et il restait souvent sur l’évier, attendant qu’on le nettoie avant d’être rangé alors que les autres partaient. C’est ma vie pensa-t-il et finalement il en était fier.

© Isabelle-Marie d’Angèle (septembre 2022).

À très vite…

6 réflexions sur “Histoire de couteaux et de fourchettes

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