Je me suis toujours demandé pourquoi j’aimais les stylos, les cahiers, les carnets et les livres.

Je suis de deux régions. Le nord et le sud, enfin le sud-ouest pour être plus juste.

Chez la première, il fait gris, il fait froid, mais les gens avec leur accent dur ont le cœur sur la main. D’ailleurs, un Enrico l’a bien chanté les gens du Nord ont dans leur cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors. Je me souviens qu’on me disait que je bronzais blanc, comprenez que je ne prenais pas trop de couleur. Le ciel n’était pas d’un beau bleu foncé, plutôt un bleu très clair.

Chez la seconde, il fait toujours beau, souvent chaud. Le ciel est éclatant et les gens chantent quand ils parlent. Ils disent toujours oui, mais peuvent changer d’avis et leur amitié va et vient suivant l’humeur du moment.

 C’est chez la deuxième que j’ai rencontré mon chéri.

En haut dans la petite pièce, sur mon bureau, j’invente des histoires. Parfois, je regarde par la fenêtre, la rue. Il y a la boulangerie juste en face. C’est là que je vais chercher mon goûter. À côté, il y a mon lycée. Quelle drôle d’idée, pas vrai ? Mais c’est bien pratique pour ne jamais être en retard et voir passer les copains qui sortent de cours alors que moi je suis déjà rentrée. Parfois je les envie de prendre le bus. Moi, je ne peux même pas y aller en vélo. Par contre, j’ai l’avantage de pouvoir être à la maison entre deux cours et de pouvoir accueillir les amis facilement et aussi d’accepter qu’ils mettent leur bicyclette chez moi.

Pas de nom de plume, je n’y pense même pas. Mais, ce que je sais faire c’est de jouer dans le jardin et d’inventer des histoires avec mes poupées. C’est un parc mon jardin. Il est immense pour la gamine que je suis et il stimule mon imagination. Il est divisé en deux, séparé par une grille pour le verger. Bien pompeux cette appellation, mais c’est là que se dressent deux énormes cerisiers et des pommiers.

 Pourquoi n’ai-je jamais mis sur papier ce qui arrivait à mes poupées ? Mystère ! Pourtant, rencontres et amours romantiques sont déjà bien présentes dans mes bafouilles et comble du comble, tout finit toujours bien.  

Mais il y a l’école, le lycée, le travail qu’il faut trouver. Avoir la tête dans les nuages ne rapporte pas d’argent. Raconter des histoires encore moins.

Les années passent et je quitte le nord pour vivre avec mon mari. L’idée d’écrire ne m’effleure même plus. Je n’ai pas le temps, pas l’envie. Le bonheur ne se raconte pas. Il faut donc être malheureux pour écrire ?

Il semblerait.

Un travail qui ruine ma santé, une hypersensibilité incomprise, de multiples questions sans réponses et c’est la chute.

Un matin, plus rien n’a d’importance. Je suis à bout. Je n’ai plus envie. De rien.

Je suis dans un petit coin du sud-ouest et j’y ai une petite pièce rien qu’à moi. Elle ne ressemble pas à celle du nord, elle ne donne pas sur la boulangerie, mais sur mon jardin de Barbie. Ce n’est plus un parc et je n’y joue plus à la poupée. Terminés les rêves où tout est bien qui finit bien, ou tout le monde il est beau il est gentil. Exit le monde des Bisounours, Bisesnounours comme disent mes enfants.

C’est mon atelier comme je l’appelle. L’endroit où naissent mes histoires, où se rencontrent mes personnages créés de toutes pièces. Enfin, peut-être pas finalement. Ils sortent de ma tête et mènent leur vie, je dirais même la danse. C’est drôle, je n’aime pas quand il leur arrive des misères. Je fais tout pour les épargner, sauf que ce n’est pas toujours comme ça que ça se passe. Mais si moi j’avais envie d’écrire le bonheur ? Si c’est ça que je désire lire ?

Alors que je n’avais plus de goût à rien, l’idée d’avoir un ordinateur rien qu’à moi est venue. Des rideaux rouges sont apparus avec un canapé assorti, ma pièce prenait forme et devenait mon endroit à moi. Une enceinte qui diffuse de la musique douce en permanence est installée.

Je suis entourée de deux fenêtres. L’une donne sur la terrasse, l’autre sur la cabane aux oiseaux et les fleurs quand c’est la saison. L’été, le courant d’air m’apporte leurs parfums.

J’ai mon pot de crayons multicolore, du rouge, du turquoise, du noir, de l’orange, du rose, du vert, pour annoter mes écrits.

J’ai ma peluche qui me surveille juchée sur ma boîte à souvenirs face à mon écran.

Quand j’allume pour la première fois mon ordinateur, qu’il a fait ses mises à jour, qu’il est prêt, moi le suis-je ?

Je n’écris pas les premiers mots sur Word, non, plutôt sur mon cahier. Et le titre ?

Rencontre d’un stylo avec une feuille. Je dessine un cœur, et des ronds qui ressemblent à des bulles, des petites, des Minibulles.

Mon nom de plume est né. Ce sera Minibulle. Regardez-les s’envoler… elles montent très vite et haut vers le ciel puis elles éclatent en plein vol…

8 réflexions sur “Minibulle

  1. Bonjour
    Bravo à toi j adore comment tu écris tu as vraiment une belle plume ! As-tu déjà écris un livre ?
    Je t embrasse très fort
    Surtout continues!!!

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